Avec une catégorie Rally1 qui peine à faire le plein, le WRC2 est vite devenu un deuxième centre d’intérêt important. Il faut dire que la liste des candidats est alléchante avec plusieurs acteurs venant de l’étage supérieur, des talents en apprentissage et des équipages d’un bon niveau ne pouvant aller plus haut. Avant le lancement de la saison,  plusieurs noms se détachaient pour les favoris. Il fallait cependant attendre les différentes options des protagonistes. En WRC2, les concurrents doivent choisir 7 courses sur les 13 du calendrier pour inscrire des points. Après 6 rendez-vous, la répartition des victoires ne permet pas d’affirmer que quelqu’un a pris l’ascendant. Ils sont en effet 4 à compter au moins un succès.

Adrien Fourmaux aurait pu figurer dans cette liste, mais le Français est parti à la faute en Sardaigne. Alors qu’il avait réalisé un superbe rallye dans des conditions difficiles, il s’est fait surprendre par de l’aquaplaning. De tous les acteurs du WRC2, le pilote M-Sport est celui pour lequel les chances de titre sont désormais quasi nulles. Le Nordiste a en effet déjà disputé 5 courses et même s’il venait à remporter les deux qu’il lui reste, cela ne devrait pas être suffisant pour le sacre. Personne n’est dans une situation identique à commencer par Yohan Rossel.

Actuel leader du championnat, le Français a l’assurance de le demeurer au moins jusqu’au départ de l’Estonie (20-23 juillet). Au volant de la Citroën C3 Rally2 préparée et suivie par l’équipe PH-Sport, le Gardois a réussi un excellent début de campagne avec deux victoires, dont une, très solide en Croatie. Ses participations les spéciales Portugaises et Sardes ont été plus difficiles. La C3 est apparue en retrait de ses adversaires alors qu’elle domine sur le goudron. Il y a visiblement du développement à effectuer dans le domaine de l’exploitation des pneus Pirelli. Si le pilote de 28 ans sera en Estonie, il s’y produira hors championnat. Il visera de nouveau les points au Chili ce qui laisse du temps à Citroën pour trouver des solutions. Il en faudra pour lutter contre l’armada déployée par Toksport.

Installée en Allemagne, cette structure a été choisie par Skoda Motorsport comme équipe de référence. Quand un candidat veut courir sur une Fabia RS ou Evo, il se tourne presque immanquablement vers Toksport. L’ampleur des moyens affichés sur le terrain avec parfois 5 voitures ne s’est pas traduite par une main mise sur le WRC2. Certes, trois pilotes comptent des succès, mais personne ne s’est isolé au championnat et la nouvelle Fabia RS ne s’est pas révélée aussi dominatrice que ses milliers d’essais pouvaient le laisser craindre. Double vainqueur, Fergus Greensmith a bien fait de ne pas inscrire de points en Sardaigne où il a fini héliporté vers l’hôpital après une sortie. Jusque-là, le pari de l’Anglais de redescendre d’un étage était plutôt réussi. Il va désormais devoir bien négocier l’été pour rester dans la course. Il devrait cependant avoir à affronter plusieurs Nordiques qui voudront briller en Estonie et encore plus en Finlande.

Figurant parmi les noms de pilotes qui reviennent le plus souvent pour remplacer Craig Breen dans la i20 Rally1 vacante, Teemu Suninen sera au départ de ces deux courses, mais avec quelle Hyundai ? En WRC2, il aura des chances de victoire tout comme Sami Pajari. Lui aussi chez Toksport, il alterne le très bon (leader en Sardaigne) et le moyen par faute d’expérience. L’air du pays devrait le motiver encore plus. Emil Lindholm sera dans le même cas. Le champion 2022 est en embuscade et il pourrait créer la surprise comme l’an dernier.

Oliver Solberg (à g) et Fergus Greensmith (à dt) ont offert un final haletant au Portugal (Photo Nikos Katikis / DPPI)

Après ses déboires et son exclusion de chez Hyundai, Oliver Solberg était attendu au tournant. Titulaire de 3 podiums, le Suédois a répondu présent, mais il a perdu des points en route et son 0 italien pourrait coûter cher au moment des décomptes. Il ne faut pas qu’il laisse trop souvent Andreas Mikkelsen monter sur la plus haute marche, car le Norvégien pourrait s’inviter à la fête en fin d’année, même si jusqu’ici son programme est flou. D’autres pilotes comme Nikolay Gryazin (6^e) ou Kajetan Kajetanowicz (9^e) n’ont pas dit leur dernier mot d’autant qu’ils ne totalisent que deux départs. Le Polonais est l’une des rares têtes d’affiche à se rendre au Safari qui est considéré comme bien trop cassant pour ce type de voiture. S’il y fait le plein, il reviendra à la 4^e place du WRC2. Le Kenya est l’occasion de constater que vouloir un calendrier avec 50 % des courses hors Europe est un projet louable, mais reste à savoir avec quels concurrents ? Ils seront 12 à Naivasha avec 5 locaux et plusieurs Européens seulement venus chercher le frisson de l’Afrique.

Après la manche kényane qui ne changera rien hormis peut-être pour Kajetanowicz, le championnat WRC2 entrera dans une phase cruciale où la tactique (où aller ? qui affronter ?) comptera beaucoup avec comme problématique 2 autres déplacements lointains au Chili (28 septembre-1^er octobre) et au Japon (16-19 novembre). Le titre mondial en Rally1 s’annonce disputé, mais celui en WRC2 sera tout aussi indécis.